Les mythes de la création

D'où vient le monde ? Comment s'est-il construit ? Qui a créé l'homme et les animaux ? Et surtout dans quel but ? Depuis la nuit des temps, l'homme n'a cessé de s'interroger sur son origine. C'est d'abord aux mythes qu'il a confié le soin de lui raconter le film de la création.
Découvre les mythes de la fondation à travers plusieurs exemples courts appartenant à des cultures différentes.
Le mythe de la création chez les grecs
Hésiode, Théogonie
Au début il n'y avait rien, ni terre ni univers, ni dieux ni hommes,
rien qu'un tourbillon informe, terne et sans lumière qu'on appelait le
chaos. Du Chaos sortit notre mère la Terre, qu'on appelle Gaia. Plus
tard vint Ouranos, le ciel.
Donc, avant tout, fut le Vide ;
puis Terre aux larges flancs, assise sûre à jamais offerte à tous les
vivants, et Amour, le plus beau parmi les dieux immortels, celui qui
rompt les membres et qui, dans la poitrine de tout dieu comme de tout
homme, dompte le cœur et le sage vouloir.
Du Vide naquirent Erèbe et la noire Nuit. Et de Nuit, à son tour,
sortirent Éther et Lumière du Jour. Terre, elle, d'abord enfanta un
être égal à elle-même ; capable de la couvrir toute entière, Ciel
Étoilé, qui devait offrir aux dieux bienheureux une assise sûre à
jamais.
Interview de Jean-Pierre Vernant : L'origine du monde (4'33'') :
Résumé : « Pour les Grecs, c'est le monde qui crée les dieux. Mais la question essentielle est la même que pour nous : qu'est-ce qu'il y a quand il n'y a encore rien ? A cette époque, la réponse est : le Chaos, un gouffre, une gueule béante, une brume noire, où, soudain, apparaît Gaïa, la terre ferme, le plancher du monde. Puis naît un troisième élément fondateur, Eros, qui permettra à Gaïa d'enfanter Ouranos, le ciel, et Pontos, le fond marin. Tout sort du ventre de Gaïa car Chaos n'est pas masculin, mais neutre. C'est Ouranos qui sera le premier dieu masculin, avec une idée fixe : s'unir à Gaïa. »
Les mythes de la création dans les autres cultures
Inde, Rig Veda
"Il n'était alors ni Non-Être, ni Être. Il n'était d'atmosphère, ni de ciel au-dessus. Qui enveloppait tout ? Eau ou abîme ? Jour ni nuit, ni mort, ni immortalité. L'Un respirait calmement, étant à lui-même son soutien. L'Un vide et enveloppé de néant, se développait par la Ferveur : et le Désir s'éleva en lui, et, de là, est le germe premier, lien qui unit Être et Non-Être"
Polynésie, Poème Tahitien
"Il était! Taaroa était son nom. Il planait dans le vide : point de terre et point de ciel. Taaroa appelle, mais rien ne lui répond. Alors, de son existence solitaire il tira l'existence du monde. Les piliers, les rochers, les sables, se lèvent à la voix de Taaroa : c'est ainsi que lui-même s'est nommé ! Il est le germe et l'assise, et l'incorruptible".
Nouvelle Zélande, Poème Maori
"De la conception, l'accroissement. De l'accroissement, l'intumescence. De l'intumescence, la pensée.- De la pensée, le souvenir. Du souvenir, le désir. - Fécond devint le mot. Et il s'unit avec la vague lueur, et il engendra la nuit. - Du néant, la naissance".
Source : http://expositions.bnf.fr/ciel/pistes/index.htm
Et si le créateur était un enfant ? (version facétieuse de Pierre Gripari)
Il
était une fois une maman Dieu, avec son petit Dieu. La maman Dieu était
installée dans un grand fauteuil et reprisait des chaussettes pendant
que le petit Dieu, assis à une grande table, finissait ses devoirs.
Le petit Dieu travaillait en silence. Et quand il eut fini, il demanda :
"Dis-moi, Maman : est-ce que tu me donnes la permission de faire le monde ?"
La maman Dieu le regarda :
"Tu as fini tes devoirs ?
- Oui, Maman.
- Tu as appris tes leçons ?
- Oui, Maman.
- C'est bon. Alors, tu peux.
- Merci, Maman."
Le petit Dieu prit une feuille de papier, des crayons de couleurs, et il se mit à faire le monde.
Pierre Gripari, Contes de la rue Broca, éditions La Table ronde.
Source : http://expositions.bnf.fr/ciel/mythes/index.htm